Roomates...or not [Park's brothers]

Presque deux semaines s'étaient écoulées depuis ma dernière vraie conversation avec Aoi. J'étais globalement un homme de parole, quand je disais si ou ça, je m'exécutai. Ainsi, je n'avais plus embêté le nippon une seule petite fois. Pour tout dire en fait, je n'avais même pas vraiment d'interaction avec lui tout court. Les seuls moments ou ils nous arrivaient de nous croiser ou de nous parler étaient lorsqu'on étaient à table avec le reste de la joyeuse petite famille recomposée. J'avais essayé de ne pas trop repenser à notre dernier échange, ça avait soulevé des questions bien trop dérangeant, et même si mon regard se perdait parfois sur Aoi, je savais parfaitement le détourner aussi.

Pourtant, il semblerait que le destin me fasse un sale coup. En effet, la semaine dernière la soeur de mon père avait décidé de venir rendre visite à la famille et d'élire domicile chez nous. Ma tante était donc arrivée déjà depuis trois jours et comme j'avais une des chambres les plus spacieuses il avait été convenu que Aoi emménagerait dans mes quartiers le temps de son séjour. Youpi...comme si c'était pas déjà suffisamment tendu.

Pour couronner le tout, comme si le destin et la fatalité c'était donné le mot, il y a trois jours, en plus de la délocalisation du nippon, j'avais reçu un lettre. Ce n'était pas n'importe quelle lettre. Et elle m'obsédait. C'était la mère de Aoi qui me l'avait donné avec ce fameux sourire timide et bancale qu'elle ne faisait qu'à moi. Lettre étrangère déjà. Cela avait aussi attiré mon attention. Si seulement cela n'avait été que ça. J'avais beau dire, j'avais beau prétendre, j'avais beau ne pas me souvenir exactement : j'avais reconnu l'écriture de ma mère à la seconde même où mes yeux c'étaient posés sur le courrier. Pourtant j'étais persuadé qu'après autant d'années je serai même parfaitement incapable de la reconnaitre dans la rue si je la croisais...et voilà que j'identifiais son écriture plus rapidement que le meilleur des graphologues.

Cette lettre m'avait rendu nerveux, tendu. Pour tout vous dire j'étais énervé, vexé, confus depuis trois jours. Je n'avais pas ouvert cette lettre, je ne le voulais pas, je répudiais même l'idée. Cependant, je n'avais pas pu me résoudre à la jeter non plus, dieu sait que j'avais pourtant essayé. Elle trônait sur mon bureau depuis trois jours, me narguant de ses caractères fins et délicats, caractéristiques de la main de ma génitrice. Entre ça et Aoi dans ma chambre, très honnêtement ça faisait un peu beaucoup pour ma santé mentale. J'avais donc pris le large les deux premiers soirs, me refusant à affronter à la fois ce courrier et mon demi frère dans la même pièce. Je priai secrètement très fort pour que ma tante parte rapidement.

Seulement voilà, malgré mon peu de relations avec mon père je m'étais quand même fait rappeler à l'ordre car, je cite "ce n'est pas poli de découcher lorsqu'on reçoit un invité". Du coup, après avoir terminé mon service au restaurant, j'étais rentré à la maison comme un brave petit soldat. Je me glissais sous la douche avec délectation, la maison était calme, je n'avais pas fini tôt et tout le monde dormait déjà...tant mieux ! Enfilant un bas de pyjama et essorant rapidement les cheveux, je rejoignais ma chambre à pas de loups, torse nu, quelques gouttes tombant de ma tignasse humide.

Je fus surpris de constater que Aoi ne dormait absolument, lumière allumée, je plissai les yeux en rentrant, avant de le remarquer calé avec son bouquin, assis sur son futon, dos appuyé contre mon lit. Je notais mentalement à quel point le lit et le futon étaient côtes à côtes...j'avais beau avoir une des chambres les plus grandes, elle ne l'était pas suffisamment pour ce genre de situation. Je ne pu m'empêcher de lancer un regard vers mon bureau, le courrier était toujours là, semblant n'attendre que moi.

"Salut" Fis-je finalement en m'avançant dans la pièce.

Me retrouver dans ma chambre, seul avec lui, avait vraiment quelque chose d'un peu angoissant. Je saisi la serviette que j'avais laissé pendouiller autour de mon cou pour essorer encore un peu mes cheveux avant de m'étaler de tout mon long sur mon lit. J'étais crevé, j'avais fini mon service tard. Sur le ventre, face contre l'oreiller, je me décidais finalement à tourner la tête en direction de Aoi qui me tournait le dos.

"Tu sais qu'il faut que tu dormes à un moment donné entre deux révisions" Aucunes moqueries, ni méchanceté aucune dans mes propos, une simple constatation. Ce garçon allait se tuer à la tâche je le répétais.

Deux semaines, ou presque. C’était le temps qui s’était écoulé depuis sa dernière discussion avec son demi-frère et, contre toute attente, ce dernier avait tenu parole. Il avait cessé d’embêter Aoi qui ne savait plus vraiment s’il s’en réjouissait ou non. Il se posait trop de questions, peut-être qu’il connaissait encore assez mal son demi-frère mais, selon lui, il n’était pas du genre à laisser tomber comme ça, pour lui, il y avait une raison. Son expression lorsque ses lèvres avaient effleurés les siennes le démontrait bien selon lui, pourtant c’est lui qui le lui avait demandé, pourquoi s’était-il montré aussi surpris? Aoi ne comprenait pas, il ne comprenait pas pourquoi il n’avait pas répondu à ses questions, pourquoi il avait préféré arrêter de le chercher. Non, il ne le comprenait pas et continuait de se torturer l’esprit avec toute ces questions, c’était dans sa nature. Mais s’ajouta à ça le fait qu’il avait l’impression que Min-Ho l’évitait depuis, il ne le voyait qu’aux repas avec la famille, mais sinon, il ne le voyait pas. Peut-être était-il parano, mais il avait la vague impression que son demi-frère cherchait à l’éviter. Pourquoi? Là encore, il n’avait pas de réponses.

Vint s’ajouter à ça l’arrivée de la tante de Min-Ho qui décida d’élire domicile chez eux, obligeant Aoi à déménager dans la chambre de son frère le temps de son séjour, chose dont Aoi n’était pas très heureux. Devoir passer plusieurs nuits dans la même chambre que son aîné, alors qu’il ne savait plus comment agir face à lui, qu’il ne savait plus comment le voir, non, ça l’inquiétait plus qu’autre chose. D’autant que la dernière fois qu’il avait été dans sa chambre, il s’était retrouvé plaqué contre le mur par Min-Ho, ses lèvres sur les siennes. Il avait encore, malgré lui, autant la vision que le ressenti de ce souvenir. Alors savoir qu’il allait désormais passer plusieurs nuits dans cette même chambre en compagnie de son demi-frère, non, il n’était pas vraiment rassuré, même si Min-Ho avait cessé de l’embêter. Mais il n’eût pas à s’inquiéter de ça les deux premières nuits puisque son demi-frère découcha. Aoi ne pouvait s’empêcher de penser qu’il l’évitait. Mais la troisième nuit, Min-Ho devait rentré, il avait plus ou moins entendu son père le rappeler à l’ordre. Stressé un peu à cette idée, une fois le repas fini, Aoi prit une douche rapide avant d’enfiler son pyjama. Habituellement, il n’enfilait souvent que le bas, mais un peu trop stressé, cette fois ci il enfila également le haut. Il s’installa ensuite sur son futon, qui était un peu trop collé au lit de Min-Ho à son goût, avant d’attraper l’un de ses livres de cours. Habituellement, il s’installait à son bureau, mais il n’osait pas utiliser celui de Min-Ho, il y avait toute ses affaires dessus et comme il n’avait pas vraiment eu l’occasion de lui demander la permission…

Les minutes défilèrent sans que Aoi ne les voit passer, trop concentré sur son livre dans lequel il prenait également des notes. Les minutes se transformèrent en heure sans que Aoi ne s’aperçoive qu’il commençait à se faire tard et qu’il devrait plutôt aller se coucher. Mais Aoi avait l’habitude de se coucher tard, il était du genre à souvent réviser jusqu'à tard le soir. De toute façon, dès qu’il cessait ses révisions, toutes ces questions qu’il se posait lui revenaient à l’esprit, l’empêchant de s’endormir aussi rapidement qu’il le voulait. Trop concentré sur son livre, il n’entendit pas l’eau de la douche couler, ce n’est que lorsque la porte s’ouvrit qu’il releva brièvement la tête, pour aussitôt détourner son regard. Voir Min-Ho torse nu, les cheveux encore humides, le mettait mal à l’aise sans qu’il ne comprenne pourquoi. Le voir ainsi le troublait mais il replongea le nez dans son bouquin pour se donner une contenance, histoire qu’il ne puisse pas déceler son trouble, tandis que son demi-frère le saluait.

-Salut, répondit simplement Aoi.

Sans le regarder, il l’entendit s’allonger sur son lit, il lui semblait bien trop proche de son futon, il espérait qu’il n’était pas du genre à trop remuer dans la nuit, enfin pour tomber de son lit il en faudrait beaucoup, mais quand même… Min-Ho s’adressa de nouveau à lui sur un ton neutre, l’informant qu’il faudrait qu’il dorme entre deux révisions.

-C’est bien pire en fac de médecine, déclara-t-il.

Il se reconcentra sur son livre, mais une question lui brûlait les lèvres et il se décida enfin à la lui poser, se décidant à le regarder. Mais le voir ainsi allonger sur son lit, torse nu, augmenta son trouble et il serra son livre contre lui pour garder une contenance.

-Tu m’évitais? demanda-t-il simplement. Et ne dis pas que tu ne vois pas de quoi je parle, ça fait presque deux semaines que tu passes le moins de temps possible ici, tu as dit que tu arrêterais de m’embêter, pas que tu m’éviterais! ajouta-t-il ensuite.

Au fond, Aoi se sentait un peu blessé de savoir que son frère faisait sans doute tout pour l’éviter, sans vraiment savoir pourquoi. Il se demandait presque si il ne le préférait pas avant… Mais il était complètement perdu, ne sachant plus comment le voir. Ce baiser continuait de l’obséder sans qu’il ne comprenne pourquoi… Ou bien préférait-il se voiler la face en faisant comme s’il ne comprenait pas...

Je ne m'attendais pas vraiment à voir Aoi levé à cette heure ci. Pour ma part j'étais épuisé, autant mentalement que physiquement. Les derniers jours avaient entamé ma résistance mentale et je n'arrivais pas à décrocher du courrier que j'avais reçu. De plus, la présence du nippon n'arrangeait rien. Et voilà que je me retrouvais avec les deux objets de mon obsession ! C'était parfait ! Merci papa ! J'aurai très bien pu découcher une fois encore, mais je n'aimai pas trop me faire rabrouer par mon géniteur, surtout que d'un autre côté j'avais aussi envie de rentrer chez moi. Passer plus d'une nuit dans le lit d'une même femme et elle croit de suite que vous allez être heureux ensemble pour toujours.

Ce que les femmes pouvaient être stupide parfois...bon ceci étant dis, les hommes aussi, en matière d'amour ils réclamaient parfois autant voir deux fois plus d'attention que la gente féminine. Est-ce que moi je demandais de l'amour hein ? Non ! Parfois il faut simplement savoir prendre ce qu'on nous donne sur le moment voilà tout.

Aoi ne semblait pas daigner me regarder et ça m'allait très bien, je n'avais pas besoin d'une distraction supplémentaire, d'ailleurs je lui étais reconnaissant de porter un pyjama aussi moche, au moins je ne risquais pas de me faire des films. Je somnolais presque, grognant en réponse à ce que le nippon m'affirma sur ses futures études en médecine. Je ne me sentais pas d'entamer une discussion, finalement cette colocation paraissait bien plus facile que prévue, il me suffisait de rentrer totalement KO et de dormir directement. Plan parfait.

Pourtant Aoi ne semblait pas être de mon avis en me mettant devant le fait accompli. Je tournai ma tête vers lui, me rendant compte qu'il avait enfin regardé dans ma direction. Il semblait un peu nerveux alors que moi je papillonnai des yeux sous la fatigue. Si je l'évitai ? Bien sur que je l'évitai ! Je lui avais dis que j'arrêterai de l'embêter et c'est ce que j'avais fait. N'était il donc jamais content ? Je l'embêtai ça ne lui allait pas, je le laissai tranquille et apparemment ça n'allait toujours pas non plus, c'est dingue !

"Je te manque ou quoi ?"

Aucune raillerie dans ma voix, j'avais dis ça très sérieusement, pour tout dire je n'avais même pas la foi vu mon état de fatigue actuelle pour me moquer de lui. Après tout c'était vrai, Aoi semblait presque vexé par mon absence autour de lui. Qu'il se réjouisse nous voilà à partager un discussion et une chambre dans la foulée ! Je me tournai sur le côté face au nippon.

"Ecoute j'ai dis que je te laisserai tranquille et c'est ce que j'ai fait, je n'ai pas précisé comment voilà tout" Je lâchai un petit bâillement. Aoi me prenait vraiment au mauvais moment, lorsque je m'endormais j'étais bien trop vulnérable à mon goût. "Après si tu veux de l'attention je peux t'en donner autant que tu veux...bon je suis pas au meilleur de ma forme mais je ferai un effort pour toi" Là encore j'étais sérieux, mon subconscient n'avait même pas placé une once d'ironie dans ma voix, j'étais en mode pilote automatique. "Et puis toi aussi tu peux venir me chercher si tu en ressens l'envie, pourquoi devrai-je te courir après ?" Bah oui hein je ne courrais après personne moi, moi je suis celui qui fait courir les autres et j'avais donné bien trop de crédit à Aoi jusque là. Il n'était pas différent des autres et je lui avais accordé une importance que je n'avais jamais donné jusque là. Il en voulait, il n'en voulait pas ? C'était lui qui ne savait pas ce qu'il faisait, voilà tout.

Min-Ho semblait fatigué, ce que Aoi remarqua mais ça ne l’empêcha pas de lui poser cette question qui le rongeait depuis plusieurs jours. Il avait besoin de réponses, mais vu l’état de son demi-frère, il ne semblait pas très enclin à la conversation, au contraire il semblait surtout avoir envie de dormir. A sa réponse, Aoi soupira. Il ne voulait pas le reconnaître mais au fond, il n’avait peut-être pas tord.

-Arrête de dire n’importe quoi! Je veux juste comprendre…, répondit Aoi.

Son frère poursuivit en déclarant qu’il n’avait pas précisé comment il le laisserait tranquille. Mais Aoi n’était pas si dupe, il y avait forcément une raison pour qu’il l’évite ainsi. Une raison pour qu’il décide de changer de comportement ainsi alors que ça faisait plusieurs mois qu’il agissait ainsi envers lui. Il soupira de nouveau à ses paroles, même si il n’y avait aucune ironie dans sa voix, ses paroles agaçaient Aoi. A croire que même exténué, il restait le même, à sortir ce genre de chose sur un ton des plus sérieux. Aoi se demandait s’ils pourraient un jour être de vrais frères, non sans doute pas. S’il était sûre d’une chose le concernant, c’est qu’il ne pourra jamais le considérer comme son frère, il ne savait même plus vraiment comment le voir. Il posa à nouveau son regard sur lui, son menton presque posé sur le lit de Min-Ho.

-Tu crois qu’un jour on pourra agir comme de vrais frères?

Cette question était sorti sans qu’il ne réfléchisse. Il avait tellement de questions en tête, et toutes avaient un rapport avec son demi-frère. Il se demandait comment il le considérait. Après tout, il devait bien y avoir une raison pour qu’il l’évite ainsi? Peut-être refusait-il tout simplement de la voir… Peut-être même que Min-Ho lui même refusait de chercher la réponse, par peur sans doute. Il posa de nouveau les yeux sur lui, faisant attention à bien le regarder dans les yeux. Il voyait la fatigue sur ses traits. Au final, il valait peut-être mieux le laisser dormir après tout.

-Si tu veux dormir vas-y, moi je ne suis pas fatigué, de toute façon j’ai trop de choses en tête pour réussir à m’endormir maintenant, déclara-t-il.

Il se détourna de lui, restant dos contre son lit. Il tentait de masquer ses émotions du mieux qu’il pouvait, bien qu’il n’était pas très bon comédien. Il espérait finir par oublier tout ça, par ne plus y penser, ne plus être troublé par Min-Ho, mais c’était sans doute peine perdue...

Pour une fois que ce n'était pas moi qui lançait l'assaut il fallait que Aoi décide de charger à fond. Ne voyait-il pas que j'avais juste envie de me poser pour une fois ? Oublier ce stupide courrier, oublier le fait que j'avais le nippon à porté de main, oublier que je pouvais en faire ce que je voulais à la minute ou je le déciderai, c'était absolument tout ce que je demandais. Mais non ! Voilà Monsieur le Japonais qui décide de tout déballer comme si on était dans une émission de télé réalité ! Qu'on m'indique la direction du confessionnal que j'aille épancher mon trop plein de sentiments devant la caméra...beurk à vomir. En plus il me guettait avec son petit regard d'animal craintif face au prédateur qui s'apprête à bondir. Sauf qu'à cet instant je me sentais plus chat que panthère, prêt à me prélasser confortablement dans un sommeil sans soucis.

Je ne le quittai pourtant pas du regard, épiant chacun de ses mouvements, d'ailleurs je ne sais pas si Aoi s'en était lui même rendu compte mais il s'était rapproché un peu, posant le menton sur mon lit...Une alarme sonna dans ma tête, il franchissait une ligne que mon self contrôle avait du mal à réprimer. S'il continuait comme ça qu'il ne vienne pas se plaindre si je me mettais à faire du harcèlement sexuel. Sa question m'arracha un léger sourire en coin. S'il se mettait à poser ce genre de question c'est qu'il connaissait parfaitement la réponse. Sauf qu'il avait envie de savoir mon profond ressenti là dessus.

Je laissai quelques minutes de silence avant de me décider à prendre la parole, mais brusquement, le nippon sembla ne pas vouloir connaître la réponse, décrétant que je pouvais dormir si je le souhaitai maintenant. Ah non je ne crois pas chaton ! On ne titille pas la bête pour lui demander de se calmer après, ce n'est pas comme ça que ça marche ! Il m'avait à nouveau tourné le dos. Cela ne me plaisait guère. Je me redressa un peu, le saisi rapidement sous les bras et le tira dans mon lit. Au vu de sa taille et de son poids, ce ne fut pas bien difficile. J'anticipais son opposition, collant son dos contre mon torse, crochetant mon bras autour de sa taille, ma tête pas très loin de sa nuque.

"Chut, reste juste comme ça" Lui murmurai-je à l'oreille.

Je ne sais pas si le brun était mortifié ou trop surpris, en tout cas, il ne bougea guère de mon étreinte. Je ne suis pas homme à câlins sachez le, cependant, j'appréciais le moment quelques instants en silence. Je me délectais de l'odeur du gel douche encore frais sur sa peau.

"Non" Dis-je doucement. "Tu ne seras jamais mon frère" Aucune méchanceté dans mes paroles, juste la vérité toute simple. "Sur le papier, aux yeux des autres, pour nos parents, peut être qu'on est frères, mais certainement pas dans tête" Jamais, jamais jamais. "Et je pense que toi aussi tu ne me considère pas comme ton frère, que ça ne sera jamais le cas n'est ce pas ?" Je posai ma tête contre sa nuque, mon nez dans son cou, ça avait l'air confortable par ici.

Au final, Aoi ne savait pas vraiment s’il désirait savoir la réponse, c’est pourquoi il se détourna de lui. Au fond, il se doutait de la réponse qu’il obtiendrait et c’est sans doute ce qui le troublait le plus. Il ne comprenait pas ses propres sentiments alors réussir à comprendre ceux de son demi-frère? Il se demandait pourquoi ça ne pouvait pas se passer comme dans tous les familles recomposées, mésentente ou bonne entente, mais pas ça… Il était complètement perdu, peut-être que s’éloigner un peu lui permettrait d’y voir plus clair… Alors qu’Aoi était plongé dans ses pensées, il se sentit soulever avant d’atterrir dans le lit de son frère. A peine le temps de se débattre qu’il se sentit bloqué contre le torse de Min-Ho, un bras autour de sa taille. Il ne savait pas vraiment ce qu’il ressentait à ce moment là, il était sans doute encore sous le choc, il ne s’y était pas attendu. Mais Aoi ne tenta pas de se débattre, c’était peine perdue de toute façon, il était désavantagé autant par sa taille que son poids plume. Il sentait son coeur s’affoler de cette proximité mais garda un visage neutre tandis que Min-Ho répondait finalement à sa question. Comme il s’y attendait, il était impossible pour eux d’agir comme des frères, de se considérer comme tels. Faire semblant, c’est tout ce qu’ils pouvaient faire. Il lui retourna la question avant de poser sa tête contre la nuque d’Aoi, arrachant un nouveau frisson à ce dernier.

-C’était le cas au début, répondit Aoi. Mais plus maintenant, pas après ce qu’il s’est passé, ajouta-t-il.

C’était la vérité, au début, l’idée d’avoir un grand frère lui avait plu et il avait tenté de le voir comme tel, mais bien vite il s’était rendu compte que c’était inutile, ils n’agiraient jamais comme des frères. Il ne savait dire ce qu’il ressentait à cet instant, mais la seule chose dont il était sûr, même s’il avait du mal à l’accepter, c’est qu’il appréciait cette étreinte…

-Pourquoi? Tu vois bien Sakura comme ta petite soeur… Pourquoi c’est différent avec moi?

Aoi ne bougeait pas, même s’il avait du mal à l’avouer, il appréciait ce contact. Il aurait pouvoir le regarder en lui posant cette question, mais il craignait ce qu’il pourrait se passer s’il le faisait, il le craignait autant qu’il le désirait au fond de lui, tout en refusant d’accepter ce qui commençait à être évident. Alors il restait comme ça, sans bouger, ne s’étant même pas rendu compte qu’il avait posé sa main sur le bras de Min-Ho qui l’entourait. Il ne savait plus comment agir, il n’arrivait pas à savoir ce que pensait vraiment son demi-frère, après tout, n’était-ce pas lui qui couchait avec une personne différente chaque soir? Lui qui se fichait bien de l’amour? Aoi était perdu, il ne comprenait plus rien, alors il cessa de réfléchir, se contentant de rester ainsi, sans bouger, en profitant de ce contact.

Aoi ne semblait pas sur le point de fuir, du coup je conservai la position dans laquelle je nous avais mise. Mon torse nu contre son dos recouvert de son affreux pyjama...sérieux ! Cela aurait deux fois plus appréciable si le nippon n'avait pas eut son haut. Et en même temps...un haut ça pouvait facilement se perdre...Bon ok, autant il y a quelques minutes j'étais totalement KO, prêt pour le grand saut dans les bras de morphée, autant là je me sentais réveillé. Enfin, mieux valait que je fasse attention à ne pas me "réveiller" totalement non plus, ça pourrait être vraiment gênant...quoi que.

Je savais pertinemment que l'avoir dans ma chambre si près était une mauvaise idée, je n'étais clairement pas une bonne personne et les gens comme moi on du mal à contenir leurs désirs bien longtemps. Car il s'agissait de ça bien entendu, de désir. C'était parce que Aoi se refusait à moi que je le voulais et c'était parce qu'il m'avait embrassé que je l'avais évité. Rien de plus. Une simple passade, une simple question de phéromones ou une connerie du genre. Mon coeur rata d'un battement quand la main du nippon se posa sur mon bras. Pendant un instant je crus qu'il allait me repousser, mais non, il se posa là, comme si c'était naturel, habituel. C'était presque la sensation que j'avais, un confort que je n'avais pas ressenti jusque là.

Lorsque Aoi prit la parole je ne pu que frissonner un instant "après ce qu'il s'est passé"...le baiser que je lui avais volé. Je me souviens, je l'avais plaqué contre le mur, un peu brutalement d'ailleurs, et je m'étais rué sur ses lèvres, tel le prédateur fondant sur sa proie. Ce n'était un petit baiser de rien du tout, en rien comparable à ce que le brun m'avait donné dans le café, non, c'était alors un vrai baiser. Exigeant, passionné, un peu brusque et profond. Ma bouche contre la sienne, attrapant ses lèvres, sa langue...Je resserrai un peu plus mon emprise contre la taille du gamin à cette pensée.

Et voilà que le japonais était reparti dans la conversation, décidément il n'avait jamais été aussi bavard que ce soir là ! Pourquoi d'ailleurs se sentait-il obligé d'amener sa soeur sur le tapis alors que je le tenais dans mes bras ?! Il allait faire redescendre toute l'ambiance. Je le faisais rouler sur le côté de façon à ce qu'il se retrouve sur le dos et je vint m'asseoir sur ses cuisses, flottant au dessus de son visage, une main de chaque côté de son cou.

"Sakura joue dans une autre catégorie que toi voilà tout...et je n'ai jamais dis que je la considérai comme ma soeur" Bon là j'étais de mauvaise fois, oui je ne le l'avais pas dis, mais j'adorai cette gamine, je faisais en sorte que ça ne se voit pas trop et j'étais assez vexé que Aoi m'est cramé sur ce coup là. "Elle est bien plus mignonne que toi..." Et ça c'était vrai, au moins, elle, elle avait parfaitement compris comment je fonctionnai. "...bien que tu sais l'être aussi quand tu veux..." Je ne pu empêcher une de mes mains de descendre sur le torse du nippon, frôlant le tissu jusqu'à en trouver la fin pour s'immiscer dessous.

Je frissonnai directement au contact de ma paume contre le ventre du brun, mes yeux admirant la peau découverte avec un intérêt presque obsessionnel. Ma main ne semblait pas vouloir s'arrêter, caressant le ventre puis les flans de l'autre garçon, mon souffle s'accélérant doucement. Je remontais mon mouvement jusqu'au col de son haut, saisissant sa nuque, laissant à mes yeux tout l'occasion d'admirer son torse à moitié découvert. Mon cerveau c'était mis en mode off car la seule chose que je pouvais sentir c'était les battements affolés de mon coeur qui pulsait dans mes oreilles, faisant écho à celui de Aoi que je sentais pulser jusqu'à sa carotide. Je m'aplatis contre lui, mon torse contre le sien, ne le soulageant pas de mon poids et arrêtais mon visage à quelques centimètres à peine du sien. Je pouvais sentir son souffle sur ma bouche. Je frôlais son nez avec le mien dans un mouvement lent, se faisant, j'effleurai presque ses lèvres sans le faire vraiment.

"Embrasse moi" Murmurai-je doucement. "Je sais que tu le veux aussi..." Je le sentais au plus profond de mes entrailles "...embrasse moi"

Aoi restait là, à tenter d’effacer ces questions de son esprit. Pourquoi avait-il mentionné sa petite soeur? Il ne savait pas vraiment, sans doute parce que c’était la vérité, peu importait que Min-Ho tente de le cacher, Aoi avait bien remarqué qu’il la considérait comme sa petite soeur. Sans s’y attendre, Aoi se retrouva en un éclair allongé sur le lit de Min-Ho, avec ce dernier assis sur lui, une main de chaque côté de son cou, ce qui affola un peu plus le coeur du nippon. Il lui répondit que Sakura jouait dans une autre catégorie que lui et qu’il n’avait jamais dit qu’il l’a considérait comme sa soeur. Tant bien que mal, Aoi lui répondit.

-Arrête, tu as beau faire semblant avec ton père ou ma mère, je sais très bien que tu l’adores! C’est ma petite soeur, et on a toujours été proches, je la connais par coeur.

C’était la vérité, il connaissait sa soeur par coeur et il était très proche d’elle, il l’aidait souvent pour certains de ses devoirs et il n’était pas rare qu’ils se confient l’un à l’autre. Lorsqu’il ajouta qu’elle était bien plus mignonne que lui, Aoi laissa échapper un rire. Sans doute, mais justement, selon lui c’était en contradiction avec ses propos.

-Et c’est pas avec des filles mignonnes que tu passes la nuit? demanda-t-il

Il frissonna au contact de la main de Min-Ho sur son torse, nu sous son haut de pyjama. Il savait que devoir partager la même chambre que lui n’était pas une bonne idée, c’était trop prévisible. Pourtant il lui suffisait de se débattre, de lui dire d’arrêter, mais il ne le fit pas. Au fond, il aimait ça, il en avait envie même s’il savait que pour son demi-frère, ce n’était qu’une conquête de plus. Les battements de son coeur s'accélèrent sous ses caresses et sa respiration se fit haletante. Il le sentit se coller à lui, son visage désormais à seulement quelques centimètres du sien. Aoi n’arrivait plus à réfléchir, comme si son cerveau s’était débranché, tout était brouillé. Il n’y avait plus que l’instant même, Min-Ho et lui. Il oubliait toute interdiction, la présence de leur famille dans la maison qui dormaient, l’heure tardive qu’il était. Tout, tout s’effaça pour figer cet instant. La voix de Min-Ho se fit entendre comme un murmure, lui demandant de l’embrasser. Aoi avait de plus en plus chaud, son bon sens était définitivement en mode off. Il ne voyait plus que le coréen, son regard, ses lèvres… C’était comme une supplication. Sans réfléchir, oubliant toute inhibition, il prit possession de ses lèvres, passant sa main derrière la nuque de Min-Ho pour accentuer le baiser et plaçant l’autre dans son dos qu’il caressa lentement. Il ne pensait plus à rien si ce n’est à cet instant. Son baiser se fit plus ardent, plus passionné… Peut-être allait-il le regretter le lendemain, après tout, il s’était juré de faire ça qu’avec la personne qu’il aime, mais… n’était-ce pas déjà le cas? Ses inquiétudes se tourneraient sans doute sur les vrais sentiments de Min-Ho, mais pour l’instant, il avait effacé toute ces questions de son esprit pour profiter de ce moment. Sa langue joua avec celle de Min-Ho et il fit durer le baiser jusqu’à devoir reprendre son souffle.

-Min-Ho…, murmura-t-il.

Il avait chaud, trop chaud, mais il profitait de ce moment, de cette intimité, c’était tout ce qui importait pour cette nuit là...

Je désirai ardemment que Aoi m'embrasse. Je n'avais jamais autant désiré quelque chose pour tout avouer. Bien entendu j'aurai pu moi même prendre les devant, me saisir de ses lèvres, profiter de ce court instant ou il me permettait de le toucher. Cependant voilà je voulais que ça soit Lui qui me désire en cet instant. Je voulais qu'il le veuille autant que moi, plus que moi même. Je n'étais pas stupide, je savais parfaitement que le nippon n'était pas insensible à mon charme. Si ça avait été le contraire il m'aurait repoussé cette soirée là en me traitant de pervers et ça en serait resté là. Mais non, il m'avait laissé faire et depuis je n'avais eut de cesse d'observer la moindre de ses réactions. La façon qu'il avait de ne surtout pas regarder mes lèvres, la manière dont il s'agitait dès que je lançai une pic ou un sous entendu douteux. J'avais attisé son intérêt.

Le mien était déjà bien attisé depuis la première fois que je l'avais vu. Je ne sais pas comment, ni pourquoi, mais c'était ainsi, je l'avais voulu mien à la minute où j'avais croisé son regard. C'était pourtant bien improbable pour moi qui ne portait que très peu d'attention aux gens habituellement. Je ne me considérais pas comme un coeur de bien, cependant, je devais bien avouer que j'étais bien plus adepte du plaisir que de la réelle envie de possession. Je ne me remettait pas en question pour autant, Aoi n'avait rien de plus qu'un autre, malgré le fait qu'il arrivait à me déstabiliser parfois. Il s'agissait là d'une simple passade, que je calmerai en obtenant ce que je désirai. C'était ce que je m'étais dis lors de notre premier baiser et c'est ce que j'essayai de me dire encore à ce moment là.

Je sentais le moindre centimètres de sa peau contre la mienne, comme si je me brûlais délicieusement et volontairement. Son souffle, rapide et court faisant écho au mien. Je vis sa résistance mentale vaciller l'espace d'un instant et la minute d'après il répondait à ma supplication. Car s'en était bien une, je le suppliai de m'embrasser. Lorsqu'il me saisit brusquement par la nuque pour saisir mes lèvres je ne pu que frissonner encore plus. Ce fut le top départ d'un grillage de neurones en règle. Sa main dans mon dos me caressait doucement, se faisant je m'aplatissais un peu plus sur lui, lui rendant son baiser avec autant de fougue que possible. Ma langue dansait un ballet avec la sienne, mes dents venaient parfois saisir une de ses lèvres, pinçant doucement, j'avais envie de le dévorer tout entier. Lorsqu'il reprit son souffle, la façon dont il prononça mon prénom me fit un peu plus vaciller du côté obscur. Je le regardais un instant, les yeux brillant d'un désir mal contenu.

Mon visage s'engouffra dans son cou et ma bouche gouta la tendresse de la peau offert qu'elle picora et embrassa. Je m'aurais voulu plus passionné, plus empressé mais là où mes caresses se devaient d'être ardentes, elles se transformaient en gestes doux et attentifs. Il me fallait trouver les endroits qui lui plaisaient, ceux qui le faisait soupirer. Je me rendais compte que j'étais axé plus sur son plaisir à lui plutôt que le mien et ce n'était clairement pas dans mes habitudes. J'étais le genre à prendre sans chercher à donner trop en retour et là j'étais juste en train de faire tout l'inverse. Aoi me faisait peur dans un sens que je ne comprenais pas.

"On devrait peut être s'arrêter là pour ce soir" Fis je doucement en me redressant un peu, assis sur ses cuisses.

Je lui offrais une opportunité de fuir et à moi aussi par la même occasion. Pourtant malgré mes paroles, je ne pouvais m'empêcher de caresser son torse mis à nu.

Aoi n’avait plus tous ses esprits, en cet instant, la seule chose qu’il désirait, c’était l’embrasser encore et encore. Pourtant, au fond de lui un doute subsistait. Il connaissait Min-Ho, il n’avait que des aventures d’un soir et Aoi craignait qu’il ne soit qu’une conquête de plus et c’était quelque chose qu’il refusait d’être. Il s’était toujours pris de ne le faire qu’avec la personne qu’il aime, mais seulement si cette personne l’aimait en retour. Or il ne savait rien des réels sentiments de Min-Ho et il craignait qu’une fois obtenu ce qu’il souhaitait, il se détourne de lui. Et il ne le voulait pas, non, même s’il avait encore du mal à l’accepter, il avait bien compris que ses sentiments pour lui étaient bien plus qu’un amour fraternel, c’est pourquoi il ne pourrait jamais le considérer comme son frère et le fait que lui non plus ne puisse le voir ainsi lui laissait entrevoir une lueur d’espoir concernant ses vrais sentiments envers lui, mais il ne voulait pas se donner de faux espoirs.

Sur l’instant, il avait tout oublié, il ne désirait qu’une chose, Min-Ho. Ses lèvres, ses caresses, tout, il le voulait lui et personne d’autre. Sa main se perdait dans ses cheveux, l’embrassant avec ardeur et passion tandis que son autre main descendait de plus en plus bas sur son dos, le caressant lentement jusqu’à arriver à sa limite. La moindre de ses caresses lui procurait un frisson de plaisir. Il reprit son souffle tandis qu’il sentit ses lèvres s’attarder sur son cou, lui arrachant un soupir de plaisir. C’était la première fois qu’il ressentait ce genre de chose, rien d’étonnant étant donné que Aoi n’avait jamais eu de petite amie. Il découvrait ces émotions pour la première fois et il aimait ça. Il caressait les cheveux de Min-Ho tout en soupirant de plaisir tandis qu’il lui mordillait le cou. Mais Min-Ho s’arrêta, se redressant avant de déclarer qu’il valait peut-être mieux qu’ils s’arrêtent là pour ce soir.

Aoi était perdu, tout s’embrouillait dans son esprit, tout s’était effacé de son esprit, tout sauf Min-Ho. Sa mère, son beau père, sa soeur, la tante de Min-Ho… Il avait oublié leur présence ici, il ne voyait plus que Min-Ho et rien d’autre. Il brûlait de désir pour lui et c’était lui qui l’avait mit dans cet état. Les paroles de ce dernier contredisaient les caresses qu’il continuait de lui faire. La moindre ses caresses, le moindre contact faisait frissonner Aoi.

-Min-Ho...Je…

Il ne savait plus quoi dire, son esprit trop embrouillé, il le désirait, c’est une chose qui lui semblait claire, contrairement au reste.

-Embrasse moi encore…, supplia-t-il presque.

Il avait finalement réussi à faire tomber ses dernières défenses, Aoi avait finalement céder, il ne parvenait plus à lutter et c’est sans doute ce qui l’effrayait au fond de lui. Donner à Min-Ho ce qu’il attendait pour qu’ensuite il le laisse tomber. Malgré les apparences, Aoi restait quelqu’un de fragile à ce niveau là, jouer sur ce plan là avec lui était risqué. Mais Min-Ho l’avait fait, et malgré ses efforts, Aoi avait fini par succomber...

Aoi sans défenses et entièrement soumis à mes caresses, j'en avais souvent rêvé voir même fantasmé. Si bien que cette nuit me paraissait pour le moins improbable. Comment étais je passé du "gros pervers répugnant" à "objet du désir" dans la tête du nippon en si peu de temps ? Bon ok, j'avais poussé dans ce sens là mais je n'avais pas vraiment cru un seul instant que le brun se donnerait à moi ainsi. C'est en autre pour ça que j'étais resté sans voix lorsqu'il m'avait furtivement embrassé l'autre jour dans le café, ça et pour autre chose, une chose dont je ne connaissais pas la nature. Ce garçon avait quelque chose de fascinant pour moi, fascination qui ressortait clairement à l'instant dans mon attitude face à lui. Je n'avais JAMAIS oh grand jamais proposé à quelqu'un d'en rester là, genre jamais jamais. Souvenez vous de ce que j'ai dis précédemment moi je prend.

Mais voilà, mon attitude avec Aoi était tout autre. Je jouais l'amant attentionné ! Une première ! Pourtant malgré mes paroles je brûlai de désir, je me consumait petit à petit, mes mains revenant à l'assaut de son torse, le couvant de mon regard brillant. Le nippon ne semblait pas mieux que moi, il avait fait tombé toutes les barrières et lorsqu'il reprit la parole, sa voix confuse me rassura un peu. Il semblait lui aussi tout aussi paumé que moi. Cependant lorsqu'il me supplia presque de l'embrasser de nouveau, je ne pu qu'accéder à sa requête fonçant directement sur sa bouche. Mon baiser se fit cette fois bien plus exigeant, conquérant. Mes mains trouvèrent son t-shirt que j'avais précédemment remonté et je séparai mes lèvres des siennes un court instant pour le faire passer par dessus sa tête, l'envoyant valdinguer dans la chambre.

Le souffle saccadé, Aoi ne songeait plus à rien qu’à cet instant, il en avait même oublier les autres habitants de la maison qui dormaient à cette heure-ci. Comment en était-il arrivé à ce point? Lui qui s’était efforcé de résister à son demi-frère, voilà qu’il se donnait entièrement à lui, sans aucune retenue, les dernières barrières érigées étaient enfin tombés et Aoi se laissait enfin aller à cette douce tentation bien qu’au fond, il savait qu’une fois cette soirée passée, il ne pourrait plus faire marche arrière, il ne pourrait plus faire semblant avec lui, c’en était fini de tenter de le considérer comme son frère, ce n’était plus possible, plus après cette nuit là. Aoi laissa échapper un soupir de contentement quand il sentit à nouveau ses lèvres se joindre aux siennes. Son baiser se fit bien plus exigeant et il ne quitta ses lèvres que le temps de lui ôter son haut de pyjama. Il retrouva aussitôt le chemin de ses lèvres avant de descendre jusqu’à son cou. Aoi caressa les cheveux du coréen avant de descendre sa main sur sa nuque, laissant échapper de petits gémissements de plaisir sous les caresses de son amant. Ce dernier immisça l’une de ses jambes entre celles du nippon, les rapprochant un peu plus. Il sentit les lèvres de Min-Ho descendre le long de son torse, lui procurant une vague de plaisir dans son corps.

Clairement quelque chose n'allait pas chez moi. C'était une évidence. A cet instant je me retrouvais entièrement focalisé sur le plaisir de Aoi, mettant le mien au second plan. Pire même, je ressentais du plaisir à l'idée de le contenter lui. Etait ce normal ? Je ne crois pas non ! Et pourtant me voilà, à l'affut de la moindre contraction, du plus petit soupire jusqu'au gémissement. Je n'avais jamais donné autant d'attention à quelqu'un, jamais. Pas même lors de ma première fois. D'ailleurs je ne crois pas non plus qu'on m'ait donné un jour cette faveur aussi. J'avais même tendance à trouver les préliminaires particulièrement chiant lorsqu'ils s'éternisaient trop. Rien ne valait l'acte en lui même n'est ce pas ? Alors pourquoi je faisais trainer les choses ? Pourquoi je ne me contentai pas de prendre ce que je voulais ?

Je ne saurai dire car mon esprit et mon corps avaient semble-t-il fait bande à part pour cette nuit, mon cerveau n'était clairement plus aux commandes et mes mains, ma bouche et chaque fibres de mon corps agissaient à leur guise. Je fermai les yeux lorsque la main de Aoi passa dans mes cheveux, appréciant le contact, m'encourageant.

A faire autant de bruit Aoi allait nous réveiller toute la maison, et personnellement je n'avais pas vraiment envie d'être dérangé. Je couvrais donc sa bouche d'un maximum de baiser pour étouffer les gémissements qui sortaient de sa gorge. Le nippon avait beau ne pas être expérimenté, il avait un corps qui criait au plaisir. Je dirai même qu'il était fait pour ça, tout en lui me donnait envie de le dévorer. Mais pas ce soir, non ce soir, je lui laissai la priorité, je lui faisais une faveur et je me faisais aussi une faveur. Je me laissai l'opportunité de jauger la situation. Une fois que j'aurai bien analysé que Aoi n'était en rien différent des autres, que je pouvais le faire vaciller comme tout le monde, alors à ce moment là, je pourrai enfin passer à autre chose n'est ce pas ? Il n'avait rien de spécial, rien du tout...

Inexpérimenté, Aoi l’était, il se laissait guider par son amant, se cambrant sous ses caresses, répondant à ses baisers avec ardeur. Jamais il ne s’était imaginé que c’est ainsi qu’il découvrirait ce plaisir là. Il sentait qu’il n’allait plus tenir très longtemps, la jouissance allait l’emporter. Min-Ho le couvrit de baisers pour l’empêcher de crier trop fort afin de ne pas réveiller toute la maison. Au fond, tout au fond de lui, une petite voix lui indiquait qu’il venait de faire une erreur, qu’il avait répondu aux attentes de son demi-frère et que désormais, ça ne serait plus pareil. Allait-il cesser de s’intéresser de lui maintenant qu’il avait eu ce qu’il voulait? C’est ce qui faisait le plus peur à Aoi, si c’était le cas, il lui en voudrait, c’était sa faute s’il avait fini par craquer, lui qui l’avait attiré, qui avait fait en sorte qu’il tombe sous son charme, parce que même s’il ne voulait pas l’admettre, il était évident que ses sentiments pour Min-Ho avaient changé et c’est ce qui lui faisait peur, il ne voulait pas être une simple conquête pour lui, une de plus, non, rien que l’idée l’insupportait.

Il prit de nouveau ses lèvres, l’embrassant tendrement, Aoi profita de ce dernier instant d’intimité, de ce baiser, bien plus tendre et doux que les précédents. Puis ce fut fini, Aoi sentit la couverture se rabattre sur eux deux tandis que Min-Ho venait se coller dans son dos, sa tête posée entre ses deux omoplates, sans rien dire. L’esprit de Aoi était embrouillé, l’acte fini, il ne put empêcher toutes les questions qu’il se posait de revenir. Qu’allait-il se passer ensuite? Allait-il se détourner de lui? Que ressentait-il vraiment? Tant de questions, de craintes dans son esprit d’adolescent. Il resta là, sans bouger, songeant qu’il aurait peut-être mieux valu qu’il retourne dormir sur son futon, qu’il renfile au moins son bas de pyjama. Mais il n’en avait pas envie, il voulait profiter encore un peu de cette intimité, de cette proximité avec lui, avant qu’elle ne disparaisse complètement. Il voulait laisser encore un peu de côté toutes ces questions, ces peurs, pour profiter de cette étreinte.

Min-Ho était silencieux, sans doute s’était-il endormi, après tout avant que tout ça n’arrive, il semblait profondément épuisé, Aoi se demandait d’ailleurs où il avait trouvé la force pour faire ça. Il mit de longues minutes avant de s’endormir, trop de questions dans son esprit, d’inquiétudes, d’incertitudes, son coeur battait plus fort que la normale avec cette proximité. Il finit par s’endormir, il était une heure du matin un peu passé. Il devait se lever tôt pour se rendre au lycée, mais la fatigue n’était pas quelque chose qu’il connaissait vraiment, il était habitué à se coucher tard. Il craignait seulement de ne pas réussir à se concentrer en cours avec toutes ces questions sans réponses, alors que Min-Ho ne semblait guère s’en inquiéter. C’est ainsi qu’il s’endormit, dans cette étreinte avec son demi-frère...